Burkina Faso : refus des aides jugées « dégradantes » et recentrage souverainiste

Le gouvernement burkinabè impose désormais un refus systématique des aides considérées comme « dégradantes » ou incompatibles avec l’idéologie de la Révolution progressiste populaire. La note signée le 28 novembre par le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo demande aux ministères d’examiner rigoureusement tout financement, national ou international, afin de ne retenir que les appuis conformes aux priorités stratégiques définies par le président Ibrahim Traoré. Cette directive s’inscrit dans une dynamique souverainiste déjà marquée par la réduction de la coopération occidentale et le réaménagement des alliances extérieures.

Depuis 2022, Ouagadougou a engagé une profonde reconfiguration de ses partenariats, privilégiant les coopérations dites non intrusives, notamment avec la Russie, la Chine, la Turquie et les États de l’AES. Le rejet d’aides jugées paternalistes ou porteuses de conditionnalités sensibles constitue un prolongement de cette orientation visant à renforcer le contrôle étatique sur les sources de financement.

Cependant, cette politique intervient dans un contexte de forte dépendance aux appuis extérieurs pour la sécurité, les infrastructures, l’aide sociale et la réponse humanitaire destinée à des millions de déplacés internes. Plusieurs ONG et institutions internationales, déjà confrontées à des restrictions opérationnelles, craignent une contraction supplémentaire de leur espace d’intervention.

Sur le plan régional et diplomatique, la directive consolide l’unité idéologique au sein de l’AES, tout en accentuant la distance avec les partenaires traditionnels. Elle renforce l’image d’un Burkina Faso déterminé à affirmer une souveraineté sans concessions, même au risque d’accroître les pressions économiques et humanitaires à moyen terme.

Avec les informations de Afrik 

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