Niger : Tiani en tournée pour asseoir son autorité face aux violences jihadistes
Le général Abdourahamane Tiani multiplie depuis octobre les déplacements dans les régions les plus instables, cherchant à démontrer que l’État reste présent malgré la montée des violences jihadistes. De Tillabéri à Gaya puis jusqu’à Arlit, il parcourt plus de 600 km de la « route de l’uranium » pour rassurer les populations et afficher une autorité contestée depuis le putsch. Cette stratégie contraste avec celle d’autres régimes de l’AES, notamment au Mali, où les dirigeants évitent les trajets terrestres.
Ces déplacements lui permettent d’exalter une ligne souverainiste, notamment dans le bras de fer avec Orano, en dénonçant « 55 ans d’exploitation » d’uranium sans bénéfices locaux. Cette rhétorique intervient alors que Niamey cherche toujours des voies sécurisées pour exporter sa production, élément central de ses relations futures avec l’Algérie, la Libye ou la Russie.
Sur le terrain, l’insécurité demeure aiguë : au moins 127 civils ont été exécutés par l’État islamique au Sahel depuis mars, et plusieurs enlèvements d’étrangers ont ravivé l’inquiétude internationale. Les retards de paiement des fonctionnaires accentuent la fragilité interne, tandis que la junte continue d’imputer les difficultés aux séquelles des sanctions régionales.
Régionalement, cette tournée vise aussi à rassurer les voisins (Nigeria, Bénin, Algérie) inquiets de la circulation des groupes armés et des risques d’effondrement localisé. Pour certains analystes, l’opération tient autant de la communication que de la gouvernance, mais elle traduit l’ambition de Tiani de consolider un pouvoir encore instable tout en projetant l’image d’un Niger capable de tenir son rang dans l’AES.
Avec les informations de Jeune Afrique