Pourquoi un avion militaire nigérian a-t-il pénétré dans l’espace aérien du Burkina Faso?
L’atterrissage d’un avion militaire nigérian C-130 à Bobo-Dioulasso a déclenché une vive réaction des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui y voient une violation flagrante de leur souveraineté. Selon la déclaration de l’AES, l’appareil est entré sans autorisation dans l’espace aérien burkinabè, transportant onze personnes, dont neuf soldats. L’organisation sahélienne a dénoncé un acte contraire au droit international et placé ses défenses aériennes en état d’alerte maximale, allant jusqu’à autoriser l’interception ou l’abattage de tout aéronef non autorisé.
Le Nigeria présente une version différente : pour Abuja, le C-130 effectuait une mission logistique vers le Portugal avant de connaître une défaillance mécanique obligeant les pilotes à effectuer un atterrissage d’urgence. L’armée de l’air nigériane assure que l’équipage a été bien traité et que la mission reprendra une fois les réparations effectuées. Mais cette version ne correspond pas aux conclusions de l’enquête burkinabè, qui confirme l’absence d’autorisation préalable.
Cet incident survient dans un climat déjà tendu. Depuis les coups d’État au Niger, au Mali et au Burkina Faso, les relations entre ces pays et la CEDEAO, menée en grande partie par le Nigeria, se sont fortement dégradées. L’intervention récente du Nigeria au Bénin pour déjouer une tentative de putsch nourrit les suspicions de l’AES, qui redoute toute manœuvre militaire étrangère dans la région.
La saisie de l’avion et la détention des soldats nigérians illustrent la volonté des régimes sahéliens de renforcer leur contrôle de l’espace aérien. Mais l’incident pourrait aussi accentuer les tensions diplomatiques et perturber la coopération régionale, notamment dans la lutte contre le terrorisme.
Avec les informations de BBC