Tunisie : reprise du procès de travailleurs humanitaires et inquiétudes sur la criminalisation de l’aide aux migrants
Le procès en Tunisie de Mustapha Djemali, fondateur du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) et ancien cadre du HCR, a repris le 24 novembre 2025 à Tunis. Il comparaît avec quatre autres travailleurs humanitaires, dont Abderrazek Krimi, sous l'accusation de « création d’une organisation » visant à faciliter l’entrée clandestine et l’hébergement de migrants. Emprisonnés depuis un an et demi, les prévenus font face à des accusations que les ONG jugent « infondées », soulignant que le CTR opère légalement dans le cadre de conventions internationales. L'avocate de la défense a d'ailleurs requis le témoignage du HCR pour confirmer que le CTR est financé et agit dans le cadre d’un programme légal des Nations unies. Human Rights Watch a réclamé la libération des détenus, insistant sur le travail essentiel de protection des réfugiés mené par le CTR.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de durcissement sans précédent de la politique tunisienne envers les migrants et ceux qui leur viennent en aide, initié par le discours du président Kaïs Saïed en février 2023 dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens ». Depuis lors, des milliers de Subsahariens ont été expulsés de leurs logements ou refoulés vers les frontières désertiques avec l’Algérie et la Libye, entraînant la mort d'au moins une centaine d'entre eux. D'autres ont été contraints de s’installer dans des campements de fortune près de Sfax.
Les organisations de défense des droits humains mettent en cause l'État tunisien, l'accusant d'aggraver la crise migratoire par sa politique et de faire peser sur les acteurs humanitaires la responsabilité de cette situation. Elles estiment que cette approche met en grave danger les réfugiés et demandeurs d'asile.
Avec les informations de Africa Radio