Tunisie : une reprise économique encore fragile

L’économie tunisienne a montré en 2025 une certaine résilience dans un contexte international tendu, avec une croissance comprise entre 2,4 % et 2,6 %, une inflation en recul et un déficit budgétaire maîtrisé. Ces indicateurs sont mis en avant par les autorités comme la preuve que le pays a évité le décrochage. Pourtant, une analyse plus fine révèle une trajectoire encore fragile et insuffisante.

La croissance actuelle ne permet pas d’absorber un chômage structurel élevé (15,4 %) ni d’améliorer durablement le pouvoir d’achat. La baisse de l’inflation est en partie liée à un affaiblissement de la demande intérieure, signal d’une économie sous pression plutôt que d’un redressement solide.
Les secteurs moteurs soulèvent aussi des limites. L’agriculture, annoncée en hausse de plus de 9 %, reste dépendante des conditions climatiques et peu génératrice de valeur ajoutée durable. Le tourisme, avec plus de 9 millions de visiteurs et environ 6 milliards de dinars de recettes sur neuf mois, fournit des devises essentielles mais repose sur un modèle à faible productivité, vulnérable aux chocs extérieurs.

La reprise observée dans le bâtiment, les services, les industries mécaniques et électriques ou les mines demeure inégale et concentrée, sans effet d’entraînement suffisant. Quant aux investissements directs étrangers, en hausse de 28 % sur neuf mois (2,5 milliards de dinars, projection à 3,4 milliards sur l’année), ils restent modestes au regard des besoins et concentrés sur l’industrie et l’énergie.

Au-delà des chiffres, la Tunisie enregistre surtout des succès tactiques. Sans réformes profondes du climat des affaires, de l’investissement et de l’intégration aux chaînes de valeur régionales et mondiales, cette reprise risque de s’essouffler, avec des implications sociales et budgétaires sensibles à moyen terme.

Avec les informations de APANews

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