Algérie : les autorités durcissent la législation sur la déchéance de nationalité
Les députés algériens ont adopté, le 24 décembre 2025, une proposition de loi introduisant la possibilité de déchoir de leur nationalité des citoyens accusés d’atteintes graves aux intérêts de l’État algérien. Cette réforme, inédite dans le pays, vise principalement les Algériens détenteurs d’une double nationalité et résidant à l’étranger, selon les précisions apportées par le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa.
Le gouvernement justifie cette initiative par la nécessité de répondre à des actes jugés graves, commis hors du territoire national, dans un contexte où les auteurs échapperaient aux poursuites judiciaires. Le texte précise toutefois que nul ne pourra être privé de la nationalité algérienne s’il ne dispose pas d’une autre, à l’exception de situations qualifiées d’extrêmes, notamment la trahison, la collaboration avec un État étranger ou le port d’armes contre l’État.
Malgré ces garde-fous, la loi suscite des inquiétudes parmi les juristes. Plusieurs voix dénoncent le flou entourant certaines notions centrales du texte, telles que l’« atteinte à la sécurité » ou à « l’unité de l’État », jugées trop générales et susceptibles de multiples interprétations. Ces imprécisions font craindre une possible utilisation de la loi contre des opposants politiques ou des militants.
L’adoption de cette réforme intervient dans un climat politique tendu, marqué par les relations conflictuelles entre les autorités et certains mouvements d’opposition. Le gouvernement évoque notamment la menace que représenterait le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par Alger, après sa proclamation unilatérale d’indépendance, pour justifier le durcissement du cadre juridique.
Avec les informations de TV5 Monde