CIRGL : le Rwanda officiellement reconnu comme agresseur de la RDC
Lors du 9ᵉ sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) à Kinshasa, la RDC a officiellement pris la présidence de l’organisation, mais l’événement a surtout été marqué par un développement inédit : la Déclaration finale reconnaît explicitement le Rwanda comme « pays agresseur » de la RDC. Pour le ministre congolais de l’Intégration régionale Floribert Anzuluni, il s’agit d’une avancée majeure, les États membres exigeant le retrait immédiat des troupes rwandaises conformément à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette reconnaissance formelle conforte Kinshasa dans sa bataille diplomatique face aux soutiens présumés du Rwanda au M23 et aux ADF. Kigali, absent du sommet, a rejeté les conclusions, accentuant un climat de défiance déjà alimenté par l’échec du processus de Luanda et par la chute de Goma et Bukavu. Cette rupture ouverte complique les efforts du Washington Framework et du processus de Doha, qui constituent aujourd’hui les principaux canaux diplomatiques visant à stopper l’escalade.
Sur le plan régional, cette prise de position de la CIRGL pourrait redéfinir les équilibres politiques. Plusieurs partenaires internationaux, dont l’Union européenne, appellent à une implication plus forte des organisations africaines pour contenir une crise dont les effets dépassent largement l’Est congolais. L’absence du Rwanda, considéré comme soutien multiforme du M23, révèle l’ampleur des divergences internes.
Politiquement, Kinshasa obtient une victoire symbolique majeure, transformant une plainte bilatérale en reconnaissance multilatérale. Mais ce succès risque aussi de durcir les positions, rendant plus complexe la mise en œuvre d’accords censés ramener la stabilité dans une région où conflits armés, rivalités économiques et agendas diplomatiques s’entremêlent.