Nigeria : l’enlèvement de 25 écolières ravive les tensions avec les États-Unis
L’enlèvement de 25 écolières dans l’État de Kebbi, après l’attaque nocturne d’une école de Maga ayant coûté la vie au directeur adjoint, ravive le traumatisme national des kidnappings de masse devenus récurrents depuis Chibok en 2014. Les forces armées, mobilisées « jour et nuit », tentent de retrouver les élèves dans une région où opèrent bandits armés et groupes criminels profitant de l’effritement sécuritaire.
L’affaire prend une dimension internationale après sa récupération politique aux États-Unis, où des élus conservateurs dénoncent une prétendue persécution des chrétiens au Nigeria. Le député Riley Moore a présenté la zone attaquée comme une enclave chrétienne, tandis que la police de Kebbi affirme que toutes les victimes sont musulmanes, illustrant la manipulation d’un narratif religieux en période de tensions.
L’incident survient alors que Donald Trump évoque des « meurtres de chrétiens » et menace d’une possible intervention militaire au Nigeria. Jeudi, le Congrès américain doit décider si le pays doit être placé sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » (CPC) pour la liberté religieuse, une décision susceptible d’entraîner des sanctions contre Abuja et de reconfigurer les relations bilatérales.
Régionalement, ce nouvel enlèvement souligne l’incapacité persistante des États du Nord-Ouest à endiguer les gangs armés, renforçant les risques de contagion vers le Niger et le Bénin où les groupes criminels circulent aisément. Politiquement, le gouvernement nigérian se retrouve contraint de prouver son contrôle du territoire alors qu’il tente déjà de contenir la montée des tensions religieuses alimentées depuis l’étranger.
L’épisode illustre enfin comment une crise locale peut rapidement devenir un levier géopolitique dans les relations Nigeria–États-Unis.
Avec les informations de Le Devoir