Libye : le trafic de carburant à 20 milliards qui fragilise l’État et la région

Libye confrontée à un détournement massif de carburant évalué à près de 20 milliards de dollars entre 2022 et 2024 selon Sentry, réseau impliquant des responsables politiques et sécuritaires qui ont facilité l’accès aux stocks subventionnés, contrôlé les routes de distribution et profité de circuits illégaux étendus du Sahel à la Méditerranée.

Les importations d’essence raffinée, passées de 20,4 millions de litres par jour en 2021 à plus de 41 millions fin 2024, traduisent une hausse anormale que rien ne justifie économiquement ou démographiquement. Plus de la moitié de ces volumes aurait été réexportée illicitement vers le Niger, le Tchad, le Soudan en guerre, ainsi que vers Malte, l’Italie, l’Albanie ou la Turquie, alimentant budgets parallèles, routes criminelles et économies de conflit.

Les pertes pour la seule année 2024, estimées à 6,7 milliards de dollars, représentent de quoi tripler les budgets combinés de la santé et de l’éducation en Libye, tout en privant la Banque centrale de devises indispensables à la stabilité financière. Cette hémorragie affaiblit la NOC, longtemps pilier technocratique national, et accentue les rivalités entre l’est et l’ouest, où chaque camp cherche à contrôler les rentes issues d’une économie pétrolière devenue opaque.

Le rapport pointe également les risques diplomatiques, car la contrebande nourrit des réseaux transnationaux qui influencent alliances locales, flux migratoires et sécurité méditerranéenne. Sentry appelle à des enquêtes internationales et à des sanctions ciblées, estimant que seule une coopération extérieure crédible peut endiguer une kleptocratie enracinée depuis plus d’une décennie.

Avec les informations de Le 360 Afrique
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