Mali : des officiers radiés saisissent la justice face à la junte

Au Mali, neuf officiers et sous-officiers radiés de l’armée contestent devant la Cour suprême les sanctions prononcées le 8 octobre 2025. Accusés de « conspiration » après une tentative de coup d’État présumée, ils réclament l’annulation des décrets signés par le général Assimi Goïta et leur réintégration. Leurs avocats dénoncent de graves irrégularités de procédure. Cette affaire illustre les tensions persistantes au sommet de l’appareil sécuritaire malien.
Au Mali, le bras de fer entre la hiérarchie militaire et une partie de l’appareil sécuritaire se déplace désormais sur le terrain judiciaire. Neuf hauts responsables militaires, radiés le 8 octobre 2025, ont saisi la Cour suprême le 12 décembre pour contester les décisions administratives les excluant de l’armée. Arrêtés dès le mois d’août et accusés de « conspiration », ces officiers et sous-officiers avaient été présentés à la télévision d’État comme impliqués dans une tentative de coup d’État déjouée par les autorités de transition.

Les requérants demandent l’annulation des décrets et arrêtés signés par le président de la transition, le général Assimi Goïta, ainsi que leur réintégration dans les rangs de l’armée. Parallèlement à ces sanctions administratives, une procédure pénale est en cours : depuis la mi-novembre, les militaires radiés sont inculpés pour « tentative de déstabilisation » et « atteinte à la sûreté de l’État ».

Selon leurs avocats, les droits élémentaires de la défense n’auraient pas été respectés. Maître Mountaga Tall dénonce l’absence de convocations écrites, le défaut de notification des griefs et un « excès de pouvoir » de l’autorité militaire. Les plaignants soutiennent qu’aucune faute disciplinaire n’a été établie et que leur radiation repose sur des considérations étrangères à la discipline militaire. Deux généraux, Abbas Dembélé et Nema Sagara, ont choisi de mener des démarches séparées.

Au-delà du contentieux interne, cette affaire constitue un test sensible pour l’indépendance de la justice sous la transition et pourrait avoir des répercussions politiques et diplomatiques, notamment sur la crédibilité institutionnelle du Mali auprès de ses partenaires régionaux et internationaux.

Avec les informations Afrique 7
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