Mali : la guerre de communication derrière la pénurie de carburant provoquée par le blocus du JNIM

Le Mali subit une pénurie nationale après l’interdiction du 30 juillet visant les bidons, suivie du blocus du JNIM qui a incendié près de 100 camions et paralysé l’accès depuis la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et la Mauritanie. Les autorités dénoncent désinformation et ingérences étrangères, notamment ukrainiennes. Le blocage prive Mopti d’électricité et nourrit une bataille narrative qui fragilise Bamako, isole le centre et polarise le Sahel.

Au Mali, la pénurie de carburant découle de l’interdiction du 30 juillet 2025 ciblant les bidons, mesure destinée à couper l’approvisionnement du JNIM. L’organisation djihadiste a répliqué en étendant l’interdiction à tout le pays et en menaçant les importateurs venant de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Sénégal et de la Mauritanie. Dès septembre, elle a incendié près de 100 camions-citernes et bloqué les autobus de Diarra Transport, avant de réautoriser leur circulation le 17 octobre sous conditions religieuses et sociales.

Cette crise couvre l’ensemble du territoire, avec un impact particulièrement aigu à Mopti, privée d’électricité depuis un mois faute de gasoil. Les médias se concentrent toutefois sur Bamako, alimentant la question d’une éventuelle chute de la capitale alors que les localités rurales sont tout autant touchées. Face à l’impuissance, les autorités régionales ont choisi la censure, menaçant web-activistes et journalistes. Des responsables, comme le membre du CNT Aboubacar Sidiki Fomba, ont même accusé les chauffeurs de « complicité », poussant le syndicat Synacor à déposer plainte.

Au sommet de l’État, Assimi Goïta dénonce des « puissances étrangères » impliquées. Les autorités pointent notamment l’Ukraine, accusée d’aider les rebelles du nord, une aide dans le cadre de la rivalité Kiev–Moscou, la Russie étant désormais le principal partenaire sécuritaire de Bamako.

Cette crise énergétique, amplifiée par des narratifs concurrents, reconfigure les équilibres régionaux et diplomatiques : fragilisation des corridors économiques, méfiance accrue envers les partenaires occidentaux, légitimation politique de la transition, et montée en influence des acteurs non étatiques dans le centre du pays. Pendant ce temps, Bamako tente d’afficher sa résilience via le salon Bamex 25.

Avec les informations de The Conversation
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