Mauritanie : d’anciens responsables inculpés pour détournement de biens publics

Six anciens responsables mauritaniens ont été inculpés pour « détournement de biens publics », deux mois après la publication d’un rapport sévère de la Cour des comptes sur la gestion 2022-2023. Ce rapport détaillait des dépenses effectuées hors cadre budgétaire, des irrégularités dans la gestion de fonds liés au Covid ainsi que des recrutements non conformes aux procédures légales. Les montants en jeu se chiffreraient en centaines de millions d’euros, sans précision officielle sur la part détournée.

Parmi les inculpés figure Taleb Ould Sid’Ahmed, ancien directeur du port de pêche artisanale de Nouadhibou et ex-ministre de l’Emploi, accompagné de cinq gestionnaires issus de diverses administrations. Les autres responsables cités dans le rapport bénéficient d’un non-lieu pour insuffisance de preuves. Les six mis en cause ont été confiés à la direction de lutte contre les crimes économiques pour approfondissement de l’enquête, signe d’un durcissement institutionnel contre les malversations publiques.

Cette affaire intervient à un moment où la Mauritanie tente de renforcer sa crédibilité internationale, notamment vis-à-vis des bailleurs comme l’Union européenne, la Banque mondiale et les partenaires sécuritaires du Sahel. La lutte contre la corruption est devenue un critère essentiel pour la poursuite des appuis financiers dans un contexte où le pays joue un rôle stratégique entre le Maghreb et le Sahel.

Sur le plan régional, ces inculpations surviennent alors que Nouakchott cherche à se distinguer de ses voisins sahéliens en crise institutionnelle, dont le Mali, le Niger et le Burkina Faso. En montrant un appareil judiciaire actif, le président Ghazouani tente de consolider son image d’État stable et responsable. Toutefois, la portée politique de ces poursuites reste à confirmer, car leur issue dépend de la capacité du gouvernement à aller au-delà des effets d’annonce.

Avec les informations de Jeune Afrique 
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