Niger : suspension massive des ONG par la junte dans un contexte de souveraineté renforcée
Le Niger a suspendu les activités de plusieurs centaines d'organisations non gouvernementales (ONG), qu'elles soient locales ou étrangères, durant la semaine du 20 novembre 2025. Cette mesure a été confirmée par les autorités militaires à l'Agence France-Presse et s'inscrit dans la continuité de la politique souverainiste adoptée par le général Abdourahamane Tiani depuis son accession au pouvoir par le coup d'État de juillet 2023. La junte reproche notamment à un grand nombre de ces ONG un manque de transparence concernant leurs finances, ainsi que des liens présumés avec des groupes terroristes actifs dans le pays.
Cette volonté de contrôle accru n'est pas nouvelle, puisque le général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur, avait déjà annoncé en janvier 2025 un renforcement de la surveillance des organisations de développement. Récemment, sur les plus de 4 122 ONG recensées, dont 332 étrangères, seule une centaine a été autorisée à poursuivre ses opérations après avoir satisfait aux nouvelles régulations. Toutes les autres sont dans l'obligation de cesser immédiatement leurs activités, le temps de se conformer aux exigences administratives.
Le ministère cible particulièrement le défaut de publication des états financiers de l’année 2024 au Journal officiel, une formalité que la junte considère désormais comme fondamentale. Les ONG concernées se voient accorder un délai strict de soixante jours pour régulariser leur situation. Passé ce délai, elles s'exposent à des sanctions additionnelles. Il est important de noter que les organisations autorisées représentent une proportion minime des structures actives, alors même que les ONG ont injecté plus de 250 milliards de francs CFA dans le pays en 2024.
Le général Toumba va plus loin en accusant certaines de ces organisations de coopérer avec des puissances étrangères hostiles au régime, en menant des activités jugées subversives. Depuis le coup d'État de 2023, la junte a érigé la souveraineté nationale en priorité absolue. Cela s'est traduit par l'expulsion des contingents militaires français et américains impliqués dans la lutte antiterroriste.
Dans le cadre de sa réorientation stratégique, le Niger s'est tourné vers de nouveaux alliés, notamment la Russie et la Turquie. Illustrant la persistance des tensions, le général Tiani a réitéré ses accusations à l'encontre de la France, affirmant sa volonté de déstabiliser le Niger, lors d'une allocution prononcée devant les troupes déployées dans la région de Diffa.
Avec les informations de Le Monde