Nigeria : pourquoi l’abolition de la charia provoque le débat
Au Nigeria, la question de l’abolition de la charia divise profondément l’opinion, en particulier dans le nord, où 12 des 36 États appliquent la loi islamique. La controverse a été ravivée après qu’un groupe de citoyens ait alerté le Congrès américain, affirmant que la charia contribue à la persécution des chrétiens. Les organisations musulmanes et le Conseil suprême pour la validation de la loi islamique ont fermement rejeté ces accusations, affirmant que la charia est « l’âme de l’islam » et un élément vital de la vie religieuse pour les musulmans nigérians.
La Constitution nigériane consacre la charia depuis 1979, et son extension aux affaires pénales en 1999 a renforcé son rôle. Modifier ou abolir ce système requiert une procédure constitutionnelle complexe : l’accord des deux tiers des chambres fédérales et la ratification par la majorité des assemblées d’au moins 24 États. Les tribunaux et les forces Hisbah, chargés de faire respecter la loi islamique, sont perçus par certains défenseurs des droits humains comme controversés, alimentant les critiques.
Les opposants à l’abolition soulignent également l’ingérence étrangère et les tensions électorales, tandis que des voix internationales dénoncent des violations potentielles des droits des minorités religieuses. Au cœur du débat se trouvent donc la préservation des traditions religieuses, la souveraineté locale et la complexité constitutionnelle, rendant improbable une suppression rapide ou totale de la charia au Nigeria.
Avec les informations de BBC