Sierra Leone : Orange prend l’avantage dans les infrastructures critiques
L’ouverture par Orange d’un centre de données de 23 millions d’euros à Bo marque une étape majeure pour la Sierra Leone, longtemps dépendante du seul site de Freetown pour ses services critiques. Cette centralisation exposait le pays à un risque élevé : une interruption dans la capitale pouvait paralyser télécommunications, services financiers ou plateformes administratives. Le nouveau site, conçu comme un centre national de secours (« disaster recovery »), fonctionne comme une réplique de Freetown afin de permettre une bascule immédiate des opérations en cas d’incident majeur.
Cet investissement intervient alors que la loi de 2023 sur la protection des données impose des exigences renforcées en matière de stockage, sécurité et traçabilité. La capacité d’Orange à offrir une redondance géographique positionne l’opérateur sur les segments stratégiques recherchés par les institutions publiques et les entreprises sensibles. Sur le terrain concurrentiel, l’écart se creuse avec Africell, dont le centre lancé en 2024 reste orienté vers des services commerciaux et de base. Sans un renforcement rapide de ses infrastructures, Africell risque d’être limité au marché grand public, tandis qu’Orange consoliderait son rôle de partenaire institutionnel privilégié.
L’implantation à Bo, au cœur de la zone économique Felei Tech City, pourrait dynamiser l’écosystème local : services techniques, sous-traitance, compétences numériques et synergies avec le futur campus de l’UNIMTECH. Toutefois, la pérennité du centre dépendra d’une énergie fiable, de protocoles de maintenance rigoureux et d’une stratégie nationale claire en matière de gouvernance des données. Cette infrastructure constitue un socle déterminant pour la modernisation numérique du pays, mais son impact reposera sur les choix politiques et opérationnels à venir.
Avec les informations de La Tribune