Soudan : le Kordofan en passe de devenir comme le Darfour
Les Nations unies tirent la sonnette d’alarme sur une aggravation dramatique de la guerre au Soudan, où la région du Kordofan semble suivre le même chemin tragique que le Darfour. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, avertit d’un risque de répétition des atrocités d’El-Fasher si la communauté internationale « reste les bras croisés ». Depuis avril 2023, le conflit a causé des centaines de milliers de morts et près de 13 millions de déplacés, dont plus de quatre millions réfugiés à l’étranger.
Depuis la prise de la ville stratégique de Bara fin octobre, les Forces de soutien rapide (FSR) étendent leur contrôle dans le Kordofan. L’ONU a recensé au moins 269 civils tués dans cette zone : frappes aériennes, artillerie lourde, exécutions sommaires. À Kalogi, plusieurs frappes de drones ont récemment provoqué la mort de dizaines d’enfants et d’adultes. Le système humanitaire est à bout : 70 à 80 % des hôpitaux ne fonctionnent plus, et 17 millions d’enfants sont privés d’école. L’accès humanitaire reste entravé par les belligérants, aggravant famine et épidémies.
L’évolution du conflit au Kordofan inquiète les États voisins, déjà déstabilisés par l’afflux massif de réfugiés — notamment au Tchad, au Soudan du Sud, en Éthiopie et en Centrafrique. La montée en puissance des FSR, soutenues par des réseaux transfrontaliers, risque de redessiner les équilibres sécuritaires au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Diplomatiquement, les organisations régionales peinent à agir de manière coordonnée, laissant un vide exploité par des acteurs extérieurs cherchant à influencer l’issue du conflit. La crise soudanaise pourrait ainsi devenir l’un des principaux foyers d’instabilité de la région en 2026.
Avec les informations de Deutsche Welle