Tunisie : l’argent de la diaspora pallie les carences de l’État

Dans un contexte marqué par la hausse des prix, l’érosion des salaires et le désengagement progressif de l’État des politiques sociales, la diaspora tunisienne joue un rôle central dans la stabilité économique et sociale du pays. Pour de nombreuses familles, l’amélioration — ou même la simple préservation — des conditions de vie dépend désormais moins des revenus locaux que des transferts financiers envoyés par des proches établis à l’étranger, notamment en Europe et dans les pays du Golfe.

En 2024, ces transferts ont atteint 7,6 milliards de dinars (environ 2,22 milliards d’euros), soit près de 5,5 % du PIB, faisant des envois de fonds l’une des principales sources de devises du pays. Au-delà de leur poids macroéconomique, ils constituent une bouée de sauvetage pour des foyers confrontés à la précarité : dépenses courantes, soins médicaux, remboursement de dettes ou financement de projets différés comme la rénovation d’un logement.

Avec près de 1,8 million de Tunisiens à l’étranger, la diaspora agit comme un régulateur social informel dans un pays où le chômage dépasse 15 % et où l’inflation avoisine 9,3 %. Toutefois, cette solidarité a un coût pour les expatriés, souvent soumis à une pression financière et morale croissante, parfois au détriment de leur propre stabilité.

Pour de nombreux économistes, cette dépendance met en lumière une défaillance de l’action publique. En s’appuyant durablement sur la solidarité transnationale, l’État diffère des réformes structurelles essentielles. À terme, se pose la question de la soutenabilité d’un modèle où l’équilibre social repose davantage sur la diaspora que sur des politiques économiques et sociales efficaces.

Avec les informations de APANews

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