Tunisie : le nouveau report du procès pour « complot contre la sûreté de l’État »
Le procès en appel d’une quarantaine d’opposants et personnalités tunisiennes, poursuivis pour « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État » et « adhésion à un groupe terroriste », a une nouvelle fois été reporté ce 17 novembre 2025 au 27 novembre, quelques minutes seulement après l’ouverture de l’audience. L’absence des principaux accusés, dont Jawhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi et l’homme d’affaires Kamel Ltaief, détenus depuis février 2023, a conduit leurs avocats à refuser toute audition en visioconférence et à exiger leur comparution physique.
En première instance, ces figures de l’opposition avaient été condamnées en avril à des peines extrêmement lourdes, allant jusqu’à 74 ans de prison, à l’issue de seulement trois audiences tenues à distance, sans plaidoiries de la défense. Avant la reprise du procès, l’ONG Human Rights Watch a appelé à « l’annulation des peines injustes », dénonçant des accusations « infondées » et une procédure dépourvue des garanties minimales d’un procès équitable. Le dossier s’inscrit dans un climat politique tendu depuis que le président Kaïs Saïed a concentré les pleins pouvoirs en 2021.
Sur le plan régional, ce procès très médiatisé inquiète les partenaires internationaux et pourrait peser sur les relations de Tunis avec l’Union européenne, déjà préoccupée par la dégradation de l’État de droit et la gestion migratoire. La poursuite de la répression contre les opposants, avocats, journalistes et humanitaires fragilise également la coopération sécuritaire dans une région marquée par l’instabilité libyenne et la pression migratoire. Ce dossier devient ainsi un test politique majeur pour la crédibilité institutionnelle de la Tunisie et pour ses engagements diplomatiques avec ses partenaires occidentaux et africains.
Avec les informations d’APA News