Émirats arabes unis : l’or africain, pilier stratégique et moteur d’influence régionale
Les Émirats arabes unis, dépourvus de mines, sont devenus la première destination mondiale de l’or africain, avec 1 400 tonnes importées en 2024 pour 105 milliards de dollars, dont 748 tonnes venues du continent. Le Soudan occupe une place centrale : la guerre déclenchée en avril 2023 a stoppé projets agricoles et portuaires, mais dopé le commerce aurifère contrôlé par les Forces de soutien rapide (FSR) d’Hemedti. En échange de l’or artisanal issu des zones en conflit, les FSR recevraient financement, drones, équipements de communication et soins dans les hôpitaux émiratis.
Cet or transite par l’Égypte, le Tchad et la Libye avant d’être blanchi à Dubaï, malgré la réglementation adoptée en 2023. Swissaid note que 29 tonnes sont arrivées directement du Soudan et que les importations « douteuses » progressent : 31 tonnes depuis l’Ouganda et 19 tonnes du Rwanda en 2024, deux pays qui produisent peu mais servent de plaques tournantes pour l’or congolais.
Parallèlement, le Sahel devient un espace clé : plus de 50 tonnes déclarées par le Togo proviendraient illégalement du Burkina Faso et du Niger. Ce corridor en plein essor prospère sur l’effondrement du contrôle étatique après les coups d’État successifs.
Les implications régionales sont majeures : financement des conflits au Soudan et dans l’Est congolais, consolidation de l’influence militaire et logistique des Émirats, fragilisation des recettes fiscales africaines et tensions diplomatiques accrues autour de la traçabilité. Sur le long terme, les EAU cherchent à sécuriser des corridors commerciaux post-conflit, renforçant leur rôle de puissance économique incontournable entre Mer Rouge, Sahel et Grands Lacs.
Avec les informations de Deutsche Welle