Mali : la CFR, pari risqué de l’imam Dicko face à l’autoritarisme et à la défiance nationale
La Coalition des forces pour la République (CFR), lancée clandestinement le 5 décembre depuis l’exil, constitue la nouvelle tentative de l’imam Mahmoud Dicko pour contrer l’autoritarisme du régime d’Assimi Goïta. Présentée comme une plateforme destinée à restaurer l’ordre constitutionnel, elle apparaît toutefois affaiblie par l’érosion de l’image de son leader, désormais contesté pour ses supposées ambitions personnelles et sa proximité perçue avec l’Algérie, un facteur qui nourrit les accusations d’ingérence dans un contexte dominé par le discours souverainiste.
L’initiative de Dicko s’inscrit dans la longue séquence d’instabilité malienne, marquée par les coups d’État de 2012, 2020 et 2021, ainsi que par le durcissement politique depuis l’arrivée au pouvoir d’Assimi Goïta. La fermeture de l’espace public, la dissolution des partis et l’emprisonnement des opposants ont laissé l’opposition sans marge de manœuvre légale, poussant la CFR à promouvoir une résistance civile clandestine qu’elle présente comme un devoir républicain.
Au cœur de sa feuille de route, la coalition propose un dialogue national inclusif avec l’ensemble des acteurs armés maliens, y compris les chefs jihadistes du JNIM et les mouvements indépendantistes. Cette position, audacieuse et sensible, vise à rompre avec la stratégie exclusivement militaire du régime. Elle s’accompagne néanmoins de lignes rouges strictes : maintien de l’unité nationale, refus de toute partition et cadre strictement républicain.
Le succès de la CFR dépendra de sa capacité à dissocier son projet de reconstruction nationale des controverses entourant l’imam Dicko, et à transformer son appel à la résistance en véritable force politique dans un Mali où la junte contrôle solidement l’appareil sécuritaire et institutionnel.
Avec les informations de Bamada